L’économie sociale et solidaire revêt une dimension universelle et tend à devenir, progressivement, le concept économique le plus adapté au contexte mondial. Il s’agit d’une réflexion qui s’achemine vers un changement salutaire, visant la garantie d’un équilibre économique et social entre les différents pays, sauvant ainsi quelques uns en mal de mire de situations délicates sinon épineuses…
Parmi les actions menées dans ce sens figurent moult programmes, ciblant les sociétés en difficulté. Le programme « Centre de ressources de l’Ess » ProgrESS Tunisie représente l’un des programmes fondés sur le principe de l’économie sociale et solidaire. Il s’agit du premier hub national en Méditerranée. Piloté par la coopérative européenne lesMed et cofinancé par l’UE dans le cadre, notamment, de son programme d’appui au gouvernement tunisien pour l’instauration de l’économie sociale et solidaire, ProgrESS Tunisie ou DarESS avance à pas sûrs, aspirant à faire de la Tunisie un pivot de la PlaneteESS.
Cette ambition s’avère être amplement justifiée vu que la Tunisie a été le premier pays au Maghreb et dans le monde arabe à disposer d’une loi sur l’économie sociale et solidaire.
Adoption de la loi sur l’ESS
En effet, suite à l’adoption par l’ARP en juin 2020 de la Loi sur l’économie sociale et solidaire, ProgrESS et Pour la solidarité-PLS s’activent afin de concrétiser les principes fondamentaux du concept, à savoir la garantie de l’équité en matière de répartition des ressources et des chances, en matière d’opportunités entre les secteurs public et privé mais aussi — voire surtout — l’inclusion des populations jusque-là marginalisées dans la dynamique économique. La loi, récemment adoptée, trace, méticuleusement, les principes et les terrains d’intervention nécessaires pour l’instauration de ce concept novateur. Cela dit, tous les principes mentionnés dans la loi et résumant les piliers de l’ESS convergent, indiscutablement, vers l’utilité de ce nouveau modèle socio-économique et développemental.
Outre la mise en place du cadre juridique spécifique, la Tunisie confirme son engagement via la création d’un Conseil supérieur de l’ESS ainsi que d’une Instance tunisienne de l’ESS.
La Tunisie compte bien exceller dans cette nouvelle étape de son développement via l’ESS. Cela semble plus que clair à travers notamment la réservation de marchés publics aux entreprises de l’ESS. Ce choix plus que judicieux confère à l’ESS tunisienne une place de choix dans le processus développemental. Il l’est en raison de la facilité d’accès des entreprises ESS aux marchés publics ce qui laisse entendre une réelle domination du secteur public en dépit d’un statut qui conférerait aux institutions de l’ESS une nature double car semi-étatique. Aussi, le modèle ESS Tunisie se distinguera des autres modèles jusque-là établis dans bien de pays africains par la dominance publique vu qu’elle sera de 15% du PIB soit nettement supérieure aux moyennes enregistrées jusque-là dans l’ESS.
Vers la création de banques
coopératives
Pour ce qui des fonds, les entreprises ESS disposeront de mécanismes de financement à même de les soutenir surtout durant la période de création et de lancement de leurs activités. L’Etat ambitionne de mettre en place un mécanisme bancaire spécifique, sous forme de banques coopératives ; un projet qui ne serait probablement pas réalisé à court terme. Certes, mais le secteur bancaire tunisien semble être en mesure d’adopter les mécanismes de financement conformément aux exigences de l’ESS. L’économie sociale et solidaire en Tunisie impliquera aussi la création d’un Compte satellite qui sera une véritable base de données actualisées. Elle impliquera aussi des mesures permettant de limiter l’aspect lucratif des entreprises ESS ainsi que la définition des règles de rémunération.
Les opportunités et perspectives que présentera le nouveau modèle économique et social sont multiples et peuvent, en revanche, se résumer en une logique à la fois utile et légale. Il est, en effet, temps pour les personnes actives dans le secteur informel — lequel représente pour des milliers de foyers le gagne — pain par excellence, d’entrer de plain-pied dans une dynamique légale, sûre et de bénéficier ainsi des droits à la sécurité sociale. De même pour l’Etat qui trouvera, enfin, la solution aux divers problèmes causés par le secteur informel.